Dans 10 jours, elles seront fleuries. Pour l'heure, il faut savoir où elles poussent pour trouver leurs feuilles, d'un vert foncé luisant, dépassant à peine de la litière de feuilles mortes du sous bois. En cherchant bien on en trouve 2 ou 3 plus avancées, mais pas encore fleuries.
Marnay, 20 Km au nord de Langres. La rivière, coulant vers le nord, entaille le plateau en une vallée étroite aux versants boisés. Le haut du versant exposé à l'ouest est relativement drainé. De nombreux blocs rocheux témoignent d'un sol fait d'éboulis. Plus bas le sol est plus marneux, très humide, quand ce n'est pas boueux. Il y a d'ailleurs de petits suintements dans l'étroite pâture au pied de la pente. C'est sur ce versant, principalement dans le bas humide du bois que se trouve une belle population de la nivéole dite printanière,
Leucojum vernum. C'est une petite Amaryllidaceae aux affinités plutôt montagnardes. Elle est en quelque sorte en limite de son aire de répartition, et devient bien rare plus à l'ouest. Elles est d'ailleurs suffisamment rare ici pour y être une espèce protégée. Dans d'autres vallons frais de notre région pousse une autre montagnarde protégée :
Lunaria rediviva, la monnaie du pape vivace. En plaine, les montagnardes ne se trouvent pas n'importe où : il faut plutôt les chercher dans des fonds de ravins frais. Voila pour préciser les conditions de vie habituelles de notre nivéole.
La population de Marnay est relativement bien exposée. Elle fleuri plus tôt que la grande population de fond de vallon froid située au
Val Clavin (en arrêté de biotope). J'ai l'habitude de voir les fleurs de Marnay à la mi-février. J'y ai vu plusieurs fois les fleurs recouvertes de neige fraîchement tombée.
C'est donc bien trop tôt aujourd'hui. Mais je voulais profiter d'une rare journée de libre dans la région pour voir l'effet de la douceur du printemps. En effet, dans les jardins, cette année bien des plantes sortent plus tôt que prévu. Qu'en est il dans la nature ? J'ai finalement l'impression que les nivéoles sont à l'heure, ni plus ni moins.
En allant à mon emplacement favori, j'ai débusqué un lièvre, caché dans la pente parmi les roches moussues et les feuilles mortes. Sur l'emplacement de son gîte, reconnaissable aux longs poils qu'il y a laissé, se trouvaient quelques nivéoles. Les unes sont presque écrasées, une autre est grignotée, mais sans doute pas par le lièvre (limace ?). A quelques pas de là, plusieurs laissées de sangliers m'indiquent une petite troupe qui a dût être dérangée brutalement par la battue du jour. Ils sont habitués des lieux et ont labouré de grandes surfaces dans la pâture proche. Les nivéoles n'ont rien à craindre d'eux. Quand d'aventure les sangliers déterrent un de ces bulbes toxiques, ils le laissent sur place.
(Photos du jour.)
En attendant qu'elles fleurissent, il y a des photos de l'an dernier ici :
www.iris-bulbeuses.org/saison/mars.htm#lv